De nombreuses études le confirment : le désir, cette pulsion de vie
contribue à notre longévité. Tout simplement parce que le plaisir de
faire l’amour rend heureux, et que l’état de félicité est excellent pour
le système immunitaire. Le plaisir physique, source d’énergie, favorise
un meilleur équilibre hormonal. L’explosion des endorphines dans le
cerveau au moment de l’orgasme crée cette sensation d’euphorie, puis de
bien-être : calme, réduction du stress et de l’anxiété et sommeil
récupérateur à la clé.
L’hormone du câlin
L’hormone qui nous met dans cet état et nous rend accro l’un à
l’autre, c’est l’ocytocine. Boostée par les caresses et les baisers,
elle atteint son maximum dans le sang au moment de l’orgasme. Bien
connue pour déclencher l’accouchement et développer l’attachement
mère-enfant, l’ocytocine joue également un rôle dans la protection
contre le cancer du sein. Libérée par la stimulation des mamelons lors
des échanges sexuels, elle aiderait à éliminer les éléments carcinogènes
des glandes mammaires. « Les femmes dont la poitrine est régulièrement
caressée pendant les échanges sexuels sont mieux protégées du cancer du
sein. C’est ce que révèle une étude de 1995, explique
Sylvain Mimoun,
gynécologue, et sexothérapeute. Faire l’amour booste la circulation
générale et locale. Des relations sexuelles régulières abaissent ainsi
les risques de phénomènes inflammatoires qui font le lit des cancers et
des maladies cardio- vasculaires. En cas d’abstinence, il est donc
conseillé de se caresser. »
Les hommes aussi concernés
« Du côté masculin, une étude américaine, réalisée sur 30 000 hommes
et confirmée par une étude australienne, montre que des éjaculations
fréquentes abaissent le risque du cancer de la prostate », explique
Frédéric Saldmann, cardiologue, nutritionniste et auteur de
La Vie et le temps
(J’ai lu, “Poche”, 2012). Les statistiques sont plus que précises : à
partir de douze éjaculations mensuelles la prévention devient
significative et vingt et une éjaculations par mois réduisent ce risque
d’un tiers. En effet, le massage prostatique effectué lors du rapport et
l’émission de sperme contribueraient à éliminer les cellules
carcinogènes. Et il réduirait aussi les microcalcifications qui
s’accumulent dans la prostate. Là encore, les études soulignent qu’en
l’absence de rapports sexuels, la masturbation protège la prostate.
Les besoins du coeur
À la trappe l’idée que l’activité sexuelle est dangereuse pour le
coeur. Au contraire. Chez les femmes c’est l’abstinence, mais aussi
l’insatisfaction qui augmenterait les risques d’infarctus du myocarde.
Chez les hommes, selon une étude de l’université de Bristol de 1997, le
risque de mortalité cardio-vasculaire est divisé par deux pour les
amateurs de plaisir sexuel. Excellent exercice physique, l’activité
sexuelle augmente la fréquence cardiaque, élimine les toxines par la
sueur et tonifie les muscles.
Mais faut-il vraiment comptabiliser les échanges sexuels, pour
s’assurer santé et longévité ? « On peut avoir l’orgasme triste,
purement électrique, sans aucun sentiment de plénitude et de
réalisation, déplore
Alain Héril,
psychothérapeute et sexothérapeute. Ce qui fait l’alchimie d’une
sexualité épanouie, ce n’est pas la quantité, mais la qualité de nos
échanges. » La sexualité qui équilibre corps et esprit est avant tout
affaire de désir. « Et c’est ce désir, sexuel ou non, qui est
fondamentalement réparateur », insiste le psychothérapeute.
Comment entretenir son désir quand on est seul ? En prenant du
plaisir à ressentir, tout simplement ! En se plongeant dans des lectures
sensuelles. « Frissons érotiques garantis », promet Galya Ortega,
thérapeute holistique et auteure de
Pratique du massage taoïste (Marabout,
“Poche”, 2012). On n’hésite pas non plus à s’épancher entre amis sur le
sujet. Enfin, on joue en permanence avec sa sensualité, en se
masturbant, en se faisant masser ou en se massant. L’idée est
d’extravertir ses sens, en se parfumant, en se délectant à table, en
roucoulant quand on chante, en faisant la fête sensorielle avec la
nature, le vent sur la peau, le sable sous les pieds, les bras autour
des arbres…
Entretenir l’attirance
Ils vivent ensemble depuis quinze ans, vingt ans et plus, et pris par
leurs obligations professionnelles et familiales, ils ont mis peu à peu
leur sexualité entre parenthèses. Ce n’est pas pour autant la fin de
l’amour. Selon un sondage TNS Sofres réalisé pour
Notre temps, «
les trois quarts des retraités en couple sont amoureux ». Alors quand on
s’aime, on se demande comment profiter de cet amour. On peut déjà
donner du temps à sa relation. Partir seuls en week-end. Noter, chacun
de son côté, les cinq critères qui faisaient « que c’était bien avant ».
Et oser se parler de ses fantasmes.
« Parler estompe la gêne et les malentendus, souligne Philippe
Baschoux, sexothérapeute. Le grand ennemi du désir c’est le silence. »
On peut aussi réapprivoiser le rapport de peau à peau. « Les massages
sont une bonne idée, mais sans enchaîner sur un rapport sexuel, du moins
au début, note Alain Héril. Il faut prendre le temps de voir ce qui se
remet en place dans l’attention du corps de l’autre. »
L’équilibre par la créativité
La sublimation, la capacité de réinvestir son énergie sexuelle dans
une activité créative peut être une excellente solution à l’absence de
sexualité. Exercice physique ou artistique, danse, écriture, théâtre
etc. « Plus on va prendre du plaisir dans une création, avec du partage
et des échanges, plus le désir, sexuel ou non, va se renforcer et nous
rééquilibrer intérieurement », souligne Alain Héril.
« J’ai traversé des périodes d’abstinence liées à une absence de partenaire, confie la comédienne et vidéaste
Myrtille Chartuss.
Mais j’en ai souvent profité pour démarrer de nouvelles créations. Dans
ces moments de forte créativité, je n’ai pas souffert de solitude
sexuelle. Au contraire, j’étais dans la stimulation des projets. »
Abandonnée par son mari, dépressive, Sylvie ne voulait pas rencontrer
d’autres hommes. Mais elle a senti que quelque chose en elle voulait
éclore et elle s’est mise à l’aquarelle. Lors de séances avec son
groupe, elle a pu décrire « des moments d’émotions proches de sensations
de plaisir sexuel ». Bien sûr, on n’a pas d’orgasme en peignant !
Quoi que… Mais Sylvie a pu faire plus facilement le deuil de son
ancienne relation. Autre excellent moteur du désir, le théâtre amateur
qui engage le corps, l’imagination et la créativité. Sur scène, on ne
voit pas ce qu’on fait, mais on est accrédité par l’autre. Quelqu’un
vous regarde. Et voir dans d’autres yeux qu’on est apprécié, cela
renarcissise. C’est le fondement même du désir.