Ah ! La belle confiance en soi que confirme la reconnaissance par d’autres de nos qualités personnelles et pourtant…Une comparaison désobligeante, un proche qui nous dénigre, l’impression soudaine de déplaire ou de ne pas être aimé et la traîtrise s’immisce, le sol se dérobe, l’atmosphère s’alourdit et…l’assurance se délite. Aussi authentique et solide soit-elle, des vents de panique ou des attaques d’angoisse, des événements inattendus ou des « catastrophes naturelles » en éprouvent la constance.
Composé de cum « avec » et du vieux français « fiance » (qui a donné et oui fiancé, fiançailles) confiance est dérivé du latin fidem « foi » et son équivalent savant étant confidence… c’est dire la richesse et la complexité de ce terme.
Mais le « soi » dont il faut s’assurer la confiance tout autant que la lui accorder est lui aussi porteur de sens. Entre le moi freudien, à la troisième personne du singulier, et le self de Winnicott qui peut être entendu comme le sentiment d’existence individuelle, il indiquerait ici le rapport entre le moi-sujet se constituant à travers diverses expériences et le sentiment de force qu’il se communique à lui-même…
Lieu psychique et physique, dans lequel la personne totale pourrait douter sans pour autant être inquiétée, il évoquerait un ressenti subjectif perçu avec un certain recul, pour s’affirmer, et soulignerait une perception distanciée entre la confiance et le sujet supposé l’avoir en lui pour lui-même. Il ne serait pas tant une figure humaine personnifiée qu’une structure - qui advient ou qui fait défaut - quand elle s’affirme ou s’esquive - au sein de laquelle se résoudraient les opérations psychiques complexes qui définissent l’être en devenir, et où se croiseraient, se heurteraient, se réuniraient, les diverses identifications qui le traduisent.
Avoir confiance en soi serait croire en un soi fiable, avoir foi en lui, ce qui suppose un moi bien constitué et suffisamment fort pour à la fois se reposer et compter sur lui pour avancer.
La confiance en soi serait la capacité de se vivre au jour le jour dans la certitude du lendemain. De se sentir aimé à n’en pas douter d’être aimable. De ne se laisser ébranler ni par la critique, ni par la flatterie. Ni déstabiliser par (ce) qui nous contredit ni altérer par le regard de l’autre tout en restant indifférent à la malveillance, à la mesquinerie, à la médisance.
Ce serait oser s’exprimer, oser entreprendre. Parcourir un chemin pour arriver à un but, surmonter les obstacles, croire en ses facultés, se connaître soi-même. Se sentir soutenu bien sûr par un entourage reconnaissant et ne pas renoncer à soi pour plaire à l’autre. Ce serait encore le désir de rester fidèle à ce qui nous tient à cœur dans la mesure où, conscient de sa valeur, on admettrait, en même temps, que son changement perpétuel au contact du monde, ses erreurs et ses errances autant que ses atouts et ses certitudes. Même sûr de soi, on traverse des périodes de doute ou de remise en questions qu’il faut s’avoir s’avouer si l’on veut en sortir.
Par l’adéquation qu’elle suppose entre le moi intime et le moi social, entre le vrai self et le faux self, cette expression où le soi s’adjoint à la confiance inspirerait une volonté d’équilibre entre l’intérieur et l’extérieur, l’apparent et le transparent, le visible et l’invisible, l’être et l’avoir, le présent et l’avenir. Entre nos différentes tendances, sans que l’une ne remette arbitrairement l’autre en cause, ni ne lui fasse violence en outrepassant ses droits…
À l’opposé, le manque de confiance se traduira par un sentiment diffus de non-existence, un fantasme de disparition, une volonté de s’annihiler plus tôt que d’encourir échec ou refus… Une insensibilité prétendue au froid, au chaud, aux variations de température, de crainte d’être dans l’erreur en témoignant de sensations que contredirait celui dont la confiance semble si supérieure qu’elle exclut sans conteste la nôtre. Une propension à la culpabilité, de préférence infondée, justifie ce manque de force intérieure, mais conjure l’anéantissement qui guette au contact du dehors…
C’est dans l’enfance que la confiance prend racine, s’élabore et plus tard se ressource. Un nourrisson ardemment désiré sera mieux armé que celui né « par accident ». Il est plus facile de s’aimer lorsque l’on a pu intérioriser un amour parental. Que l’on a été nourri par une mère elle-même étayée par son conjoint…et que l’un et l’autre fort et juste ont accueilli avec bonheur notre venue au monde. Dénigré par ses proches, on prend l’habitude de se dévaloriser et appréhende toute circonstance qui nous mettrait en valeur. Il faut apprendre à ne plus craindre d’être perçu aimable d’être qui nous sommes.
Les premiers liens nous imprègnent (ou non) d’une confiance primitive en la vie, sur laquelle se grefferont les bases de toute expérience à venir. Au-delà de la satisfaction des besoins, c’est à partir de la qualité de l’attention reçue que se constitue le ciment de sa résistance future aux épreuves. Choyé, un enfant aura plus de chance de développer une force qui le rassurera lorsqu’il se trouvera seul. Mais hyper protégé, n’ayant pu développer ses propres défenses, il ne serait pas pour autant à bonne école. Autant l’attache qui nourrit de force intérieure est indispensable autant, une fois inscrites dans la mémoire les traces de cet attachement sécuritaire, l’enfant doit éprouver seul cette force intérieure, et nouer des relations vers d’autres ports d’attaches.
Pour le tout petit, qui découvre son image dans le regard de sa mère ou le reflet que lui renvoie un miroir, il est naturel qu’il s’y accroche, mais à mesure qu’il tend vers l’âge adulte, il est lui vital de s’en écarter. En effet, le regard aimant d’une mère nous confirme, mais trop admiratif, il nous aliène et entraverait l’accès à l’autonomie.
L’objet transitionnel de Winnicott s’il est accepté et respecté par l’adulte peut faciliter ce détachement et permettre à l’enfant de poser les bases d’une confiance en soi en lui apportant dès le départ un espace potentiel, au sein duquel il se trouve et se retrouve, se créer et se récréer. Un champ d’expériences neutre qui n’aura été ni contesté ni troublé par des ondes négatives et dont les traces mnésiques le guideront de façon positive.
Que nous nous soyons vécu lésé trahi ou abusé dans la petite enfance, certains comportements dictatoriaux ou perfectionnistes sont la manifestation compensatrice d’un manque de confiance, tout comme les coups physiques sont un aveu de faiblesse qui s’ignore… Nécessaire pour féconder les germes de la confiance en soi, le narcissisme enfantin ancre dans la vie et toute expérience heureuse renforce le sentiment de sécurité ; bien entouré un enfant se sentira plus sûr qu’un autre, mais une trop grande assurance à travers le déploiement de forces héroïques disproportionnées en regard de l’âge, ou une excellence scolaire, allergique à la moindre baisse de niveau, pourraient dissimuler une inquiétude profonde ou tendre en fait à rassurer un parent insatiable, dont le propre sentiment d’insécurité exercerait une demande implicite mais autoritaire de réparation ou de valorisation.
Notre comportement agit comme modèle au niveau de l’inconscient. L’enfant a besoin d’être porté, rassuré ; savoir qu’il peut se reposer sur plus fort que lui pour gagner peu à peu ces forces qu’il ne songera bientôt plus à mesurer à celles de ses parents mais à celles de ses semblables le conforte. Ne pas limiter une volonté de puissance spontanée qui l’inciterait à un sentiment de supériorité sur sa mère ou sur son père, pour compenser une infériorité naturelle, le plongerait dans l’insécurité. Écho, au présent, de sa généalogie et du futur dans lequel il se projette, le soi est aussi la famille au sein de laquelle l’enfant se développe. Il doit pouvoir compter sur ses parents et non les dominer.
Quel que soit l’amour qu’il lui porte, tout parent est amené à contrecarrer le moi grandissant de son enfant. S’il a confiance en ses actes, en la légitimité de son opposition, aussi sévère semble-t-elle, il communique à son enfant, en même temps que l’esprit des lois, un sentiment d’accord avec soi-même qui l’autorise à heurter la sensibilité de l’enfant pour mieux l’assurer à l’avenir. Autant le contredire par plaisir serait néfaste, autant lui tenir tête pour transmettre l’idée de la vérité d’une éducation en dépit de certains de ses aspects rébarbatifs est stimulant.
L’enfant réagit souvent par des conduites excessives où de grandes certitudes l’invitent à croire qu’il peut faire l’économie de certains gestes pourtant créateurs de liens. Attitude de défense et réponse maladroite à des situations épineuses ou délicates que l’on perçoit comme dangereuses pour soi, une trop grande assurance vient souvent nier un sentiment de faiblesse interne, envahissant, menaçant et qu’on espère oublier tant on craint qu’il transparaisse trahissant cette faiblesse douloureuse qui nous révèle vulnérable….
Un bon idéal du moi compense nos failles, joue le rôle de réassurance, aide à dessiner une image de soi positive. En revanche, trop fort, il rend toute réalisation inaccessible. Et en matière d’éducation, viser trop haut pour son jeune enfant lui donnera le sentiment que ce n’est pas de lui, son moi du confiance « en soi » dont il s’agit, mais d’un projet qui ne le concerne sinon pour l’infirmer, insister sur sa fragilité, lui faire vivre une incapacité pénible à se conformer à ce qu’on attend de lui, un sentiment blessant d’étrangeté parmi ceux à qui il devrait commencer à s’identifier. Aider ses enfants, oui, mais les encourager surtout à se construire, à accorder leurs gestes à leurs désirs et non à se conformer aux nôtres.
Vulnérabilité maternelle, angoisse de ne pas être dans les normes sont parmi les sources les plus classiques, les plus communes du manque de confiance en soi (de l’enfant). L’acquisition d’une force intérieure personnelle, fondée sur l’autonomie de ses gestes, est rendue plus difficile. L’enfant prend toujours conscience de façon douloureuse de ses limites, de celles de son père, de sa mère. Et que sa famille ne puisse lui assurer l’absolue sécurité… l’inquiète. L’impression de solidité intérieure passant par la fiabilité des premières relations, un enfant avec les sentiments duquel on triche se sentira comme en danger perpétuel, inquiété par ce qui s’énonce avec des paroles comme une vérité et se traduit au quotidien par un manque d’attention ou une conduite qui affirme le contraire. De même, toute attitude parentale venant troubler ou affirmer sa confiance, l’invitation au mensonge signifiera à ses yeux une crainte d’exister au grand jour et lui communiquera, comme si la vraie vie n’était pas autorisée, un sentiment de honte de soi.
L’enfance de la naissance jusqu’à la maturité est la période de la formation, de la transformation, du perpétuel passage. Tel un parcours initiatique, les étapes se succèdent jalonnées d’épreuves. Passage du familial au social. De l’immaturité à la prise de responsabilité, de l’intérieur vers l’extérieur, de la dépendance à l’indépendance. Passage progressif et évolutif d’un lieu, d’une activité, d’un âge à l’autre…Chacun de ces passages marque un tournant qui implique un ajustage permanent de sa personnalité à la société, de son comportement à la collectivité, à des situations pour lui toujours nouvelles et surprenantes, comme autant de « baptêmes » dont il a besoin de ressortir entier, augmenté et non diminué.
Durant cette période qui s’étale sur de nombreuses années et ne laisse pourtant guère le temps de s’adapter à une situation sans avoir presque aussitôt à penser à une autre, il découvre ses ressources, prend conscience peu à peu que c’est à lui d’œuvrer pour son destin.
L’inconscient ayant ses lois que le conscient n’admet pas toujours, pour ne pas vivre en contrariété permanente avec soi autant être à l’écoute de cet inconscient plutôt que de nier ce qu’il veut dire en même temps qu’il veut dire quelque chose.
Pour donner à nos enfants les meilleures chances de s’affirmer avec bonheur, veillons à ne pas être contradictoire dans nos ordres et évitons l’injonction paradoxale paralysante, mais n’hésitons pas à pimenter nos remarques d’une pointe d’arbitraire, au cas où, emportés par une trop grande assurance, ils s’imagineraient n’avoir plus rien à gagner ! Les épreuves que l’on parvient à surmonter renforcent… Autant n’encourager personne à se plaindre en s’apitoyant sur son sort ou en le chargeant de nos faiblesses et nos incapacités !
Toute émotion qui précède un sentiment a sa légitimité. Pourquoi ne pas se fier à priori au bien fondé de nos réactions même si parfois elles ne reflètent pas les formes élégantes que nous aimerions leur donner ? L’émotion n’est pas notre meilleure ambassadrice, mais la refouler va à l’encontre de l’équilibre. Celui-ci n’implique pas une assurance permanente, mais la paix intérieure lui étant plus favorable que la crispation, il demande que l’on compose aussi avec ce qui fait la spécificité de sa sensibilité. Aussi maladroite fut-elle, il n’est de manifestation affective ou émotionnelle qui ne soit fondée, et quand bien même il en est une qui semblerait in-sensée, elle est le reflet d’une intime conviction que l’on ne sait encore traduire autrement que par la maladresse. Autant prendre le temps d’être à son écoute. La confiance passe aussi par la conscience de la valeur de ses actes et de leurs conséquences, du prix de ses erreurs. Avec le temps, on connaît et accepte mieux ses points faibles, on parvient mieux à les gérer, à s’en accommoder, même si parfois ils nous ébranlent encore ou portent ombrage à notre épanouissement. Il est important d’assumer ses réactions. Non, la colère n’est pas folie, ni le doute maladie à condition qu’ils ne deviennent des modes d’expression dominants au service de pulsions (auto)destructrices ou d’un autoritarisme vindicatif gratuit. Car un désir trop puissant et la passion s’installe, sapant la stabilité que confère la confiance, au profit de la violence. Aussi le meilleur moyen de sentir vibrer une force en soi saine et équitable reste d’agir, de créer, de produire… sans trop se laisser aller à ces états d’âme pourtant si magiques et propices à la poésie, ni emporter par un élan vital sans tenir compte de l’entourage. Donner la priorité aux tâches que nous avons à accomplir mais savoir rester tout à la fois vigilent et ouvert de cœur et d’esprit. Sans respect, nous nous détruisons en dédaignant la possibilité de nouer des relations équilibrantes. Trop révérencieux nous nous noyons dans l’autre et nous désagrégeons sous l’emprise du pouvoir qu’il exerce sur nous. Dépendre de contingences accessoires ou étouffer l’essentiel sous le superficiel nous amoindrit. Apprendre à ne rien attendre de l’autre mais être prêt à cueillir ce qu’il nous offre si cela nous convient ou oser refuser si cela nous déplaît, en évitant plein de fausses notes, diffuse un sentiment de justesse.
Avoir confiance en soi c’est aussi ne pas penser que tout nous est dû quand on a eu la chance d’être bercé par les fées… et qu’il suffit de réclamer ce que nous n’avons pas pour se donner les moyens de l’obtenir. C’est être fidèle oui mais à l’amour que nous avons reçu sans trop nous plaindre de celui qui nous a manqué, fidèle à qui nous étions quand nous l’avons reçu. C’est savoir ne pas s’enflammer quand la vie ne nous sourit pas ni se laisser démobiliser par ce qui est susceptible de nous décourager. C’est l’art de ne pas se détourner de soi-même en laissant son regard s’échapper là où il n’a rien à faire … de constructif. C’est savoir compter sur ses propres forces, sans reprocher à la vie d’être ce qu’elle n’est pas… C’est fermer l’oreille à ce qui excite les rivalités, ne pas gaspiller ses forces, pressentir les pièges, car toute force s’érode si on ne la cultive pas… Ainsi vaut-il mieux (se) refuser l’impression de se trouver dans le regard de l’autre… aussi tendre soit-il pour éviter le risque de se perdre dans un reflet flatteur ou désobligeant… Une vision quoiqu’il en soit partiale et plus que partielle de ce qui n’est qu’une idée de celui qui nous perçoit avec sa subjectivité. Veiller à ne pas se laisser investir par une représentation extérieure qui ne nous correspond pas, ne pas s’illusionner sur son pouvoir en le confondant avec son espoir, contribue à forger une identité sans la faire dépendre de ce qu’elle n’est pas… et donne les meilleures chances d’asseoir en son for intérieur la quiétude sur laquelle s’appuyer sans que ne parasite tout ce qui peut entraver nos actions et en compromettre la bonne réalisation.
Ne pas se laisser atteindre par qui excite la jalousie ou jongle avec les critiques. Flagorneuses ou outrageantes souvent elles nous enchaînent. Parfois cependant un regard se pose plus juste que les autres, il faut savoir le reconnaître : il aide à croire en soi, à mieux se définir pour s’affirmer avec justesse « tiens oui, je suis bien là ».
Second, on n’a pas les privilèges du premier… Premier on est privé des avantages du second… il faut apprendre à vivre sans… A chacun sa place (sur terre) avec ses limites et ses atouts, on ne peut devenir fort qu’à partir de ce que nous sommes, là où nous sommes, ce qui ne veut pas dire y demeurer, mais l’accepter est affaire de conscience et un bon tremplin pour amorcer sa force vers l’autonomie. Celle-ci avant de s’affirmer, s’acquiert, s’affermit, sur ce que l’on a et ce que l’on donne autant que ce que l’on reçoit, ce que l’on fait autant que ce que l’on est. Ce que l’on produit peut-être plus que ce que l’on consomme….
Ce n’est pas tant valoriser l’enfant qui compte que l’amener à prendre conscience de ce qui fait sa valeur en le mettant en situation de réussites à sa mesure, afin qu’il puisse garder la certitude d’un lendemain possible et découvrir le charme de cette fidélité à soi-même qui relativise toute menace de mort et aide à maîtriser nos pulsions agressives.
La confiance en soi fluctue. Tension et souplesse, force et vulnérabilité permanente, doute et certitude, sont les extrêmes entre lesquels elle oscille avant de se stabiliser pour s’élaborer. Si les épreuves la fragilisent sur l’instant, traversées dans l’intention d’être surmontées, à long terme elles la servent.
Ne pas se punir, ne pas donner prise aux mauvais sentiments, mais s’octroyer le droit au plaisir même en périodes de difficulté et celui de réussir, en ne plaçant pas la barre trop haut. Prêter l’oreille au doute sans trop y attacher d’importance favorise ce travail de résistance à l’adversité. Fidélité à soi-même dans son désir, ni statique, ni définitive, plus ou moins ancrée dans les premières heures de la vie, la confiance a besoin de grandir avec l’enfant, d’évoluer avec l’adulte. On l’apprécie, quand elle se fait oublier, tant elle nous affirme avec simplicité, mais on la redoute parce qu’elle nous déstabilise quand elle se révèle… par son absence.
Reference: http://www.psychanalyse-en-mouvement.net/articles.php?lng=fr&pg=10
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire